Un plaidoyer de l'évêque

Alors que le Compte à rebours pour le Royaume reste axé sur les Messages du Ciel, la prophétie ne concerne pas seulement les messages reçus sous des formes plus extraordinaires, mais aussi l'exercice du don prophétique inhérent à tous les baptisés qui participent à la «fonction sacerdotale, prophétique et royale» du Christ (Catéchisme de l'Église catholique, n. 871). Voici un mot de l'un des successeurs des apôtres, Mgr Marc Aillet du diocèse de Bayonne, France, qui rappelle aux fidèles qu'en tant que chrétiens, notre «santé» et celle de notre voisin, ne se limite pas au avion mais must inclure également notre bien-être émotionnel et spirituel…


Éditorial de Mgr Marc Aillet pour la revue diocésaine Notre-Église («Notre Église»), décembre 2020:

Nous vivons une situation sans précédent qui continue de nous préoccuper. Nous traversons sans aucun doute une crise sanitaire sans précédent, pas tant au niveau de l'ampleur de l'épidémie que de sa gestion et de son impact sur la vie des gens. La peur, qui s'est emparée de beaucoup, est entretenue par le discours anxiogène et alarmiste des pouvoirs publics, constamment relayé par la plupart des principaux médias. Le résultat est qu'il est de plus en plus difficile de réfléchir; il y a un manque évident de perspective par rapport aux événements, un consentement presque généralisé de la part des citoyens à la perte de libertés qui n'en sont pas moins fondamentales. Au sein de l'Église, on peut voir des réactions inattendues: ceux qui dénonçaient autrefois l'autoritarisme de la Hiérarchie et contestaient systématiquement son magistère, notamment dans le domaine de la morale, se soumettent aujourd'hui à l'État sans sourciller, semblant perdre tout sens critique. , et ils s'érigent en moralistes, blâmant et dénonçant catégoriquement ceux qui osent poser des questions sur le doxa ou qui défendent les libertés fondamentales. La peur n'est pas un bon conseiller: elle conduit à des attitudes malavisées, elle met les gens les uns contre les autres, elle génère un climat de tension et même de violence. Nous sommes peut-être au bord d'une explosion!

Voir, juger, agir: ces trois étapes bien connues du Action Catholique (Action catholique) mouvement, présenté par le Pape Saint Jean XXIII dans son encyclique Mère et professeur comme caractérisant la pensée sociale de l'Église, peut bien éclairer la crise que nous traversons.

Voir, c'est ouvrir les yeux sur la réalité globale et d'arrêter de se concentrer uniquement sur l'épidémie. Il y a certainement l'épidémie de Covid-19 qui a provoqué certes des situations dramatiques et un certain épuisement des personnels de santé, notamment lors de la «première vague». Mais avec le recul, comment ne pas relativiser sa gravité par rapport à d'autres causes de détresse trop souvent négligées? Il y a tout d'abord les chiffres, présentés comme révélateurs de la gravité sans précédent de la situation: suite au décompte quotidien des décès lors de la «première vague», nous avons désormais l'annonce quotidienne des «cas positifs», sans notre être capable de faire la distinction entre ceux qui sont malades et ceux qui ne le sont pas. Ne faut-il pas faire des comparaisons avec d'autres pathologies tout aussi graves et mortelles, dont nous ne parlons pas et dont le traitement a été reporté à cause du Covid-19, entraînant parfois une détérioration fatale? En 2018, il y a eu 157000 décès en France dus au cancer! Il a fallu beaucoup de temps pour parler de l'inhumain traitement imposé dans les maisons de retraite aux personnes âgées, enfermées, parfois enfermées dans leur chambre, les visites familiales étant interdites. Il existe de nombreux témoignages concernant les troubles psychologiques et même la mort prématurée de nos aînés. On parle peu de l'augmentation significative de la dépression chez les personnes non préparées. Les hôpitaux psychiatriques sont surchargés çà et là, les salles d'attente des psychologues sont bondées, signe que la santé mentale française se dégrade - une source d'inquiétude, comme vient de le reconnaître publiquement le ministre de la Santé. Il y a eu des dénonciations du risque d '«euthanasie sociale», étant donné les estimations selon lesquelles 4 millions de nos concitoyens se retrouvent dans des situations d'extrême solitude, sans parler des millions supplémentaires en France qui, depuis le premier confinement, sont tombés sous la pauvreté seuil. Et qu'en est-il des petites entreprises, de l'étouffement des petits commerçants qui seront contraints de déclarer faillite? Nous avons déjà des suicides parmi eux. Et les bars et restaurants, qui avaient pourtant accepté des protocoles sanitaires drastiques. Et l'interdiction des services religieux, même avec des mesures sanitaires raisonnables, reléguée dans la catégorie des activités «non essentielles»: c'est du jamais vu en France, sauf à Paris sous la Commune!

Juger, c'est-à-dire évaluer cette réalité à la lumière des grands principes sur lesquels se fonde la vie de la société. Parce que l'homme est «un en corps et âme», il n'est pas juste de faire de la santé physique une valeur absolue au point de sacrifier la santé psychologique et spirituelle des citoyens, et en particulier de les priver de pratiquer librement leur religion, qui s'avère indispensable à leur équilibre. Parce que l'homme est social par nature et ouvert à la fraternité, rompre les relations familiales et les amitiés est insupportable, tout comme condamner les plus fragiles à l'isolement et à l'angoisse de la solitude, tout comme il n'est pas juste de priver les artisans et petits commerçants de leur activité, compte tenu de leur contribution à la convivialité sociale dans nos villes et villages. Si l'Église reconnaît la légitimité de l'autorité publique, c'est à condition que, selon une juste hiérarchie de valeurs, les autorités publiques facilitent l'exercice de la liberté et de la responsabilité par tous et promeuvent les droits fondamentaux de la personne humaine. Cependant, nous avons privilégié une conception individualiste de la vie et ajouté un blâme facile à l'opprobre infligé à toute une population (traitée comme des enfants) en brandissant l'argument spécieux de la vie des patients en réanimation et des soignants épuisés. Ne faut-il pas d'abord reconnaître la carence de nos politiques de santé, qui ont cassé les budgets et fragilisé les établissements hospitaliers en termes de personnel soignant insuffisant et mal rémunéré et la réduction régulière des lits de réanimation? Enfin, parce que l'homme a été créé à l'image de Dieu, fondement ultime de sa dignité - «Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et mon cœur est inquiet jusqu'à ce qu'il repose en toi» (Saint Augustin) - il serait erroné de sous-estimer la liberté de culte, qui reste, selon la loi de séparation des Églises et de l'État (promulguée dans les circonstances les plus extrêmes), la première de toutes les libertés fondamentales - une liberté que les citoyens, maintenus dans la peur, acceptaient d'abandonner sans discussion. Non, l'argument de la santé ne justifie pas tout.

Agir. L'Église n'est pas obligée de s'aligner sur les déclarations officielles réductrices et bégayantes, et encore moins le «tapis roulant» de l'État, sans que cela implique un manque de respect et de dialogue ou un appel à la désobéissance civile. Sa mission prophétique, au service du bien commun, est d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur ces graves causes de détresse directement liées à la gestion de la crise sanitaire. Le personnel soignant doit naturellement être soutenu et une assistance apportée aux malades - la prudence dans l'application des gestes de barrière fait partie de l'effort national qui s'applique à tous - mais sans charger à la hâte les citoyens de leur propre détresse. Dans ce contexte, nous devons saluer le professionnalisme du personnel de santé qui se consacre aux malades et encourager la générosité des volontaires qui s'engagent à servir les plus démunis, les chrétiens étant souvent en première ligne. Il faut exprimer les justes revendications de ceux qui sont étouffés dans leur travail (je pense aux artisans et aux commerçants). Il faut aussi savoir dénoncer les inégalités de traitement, sans avoir peur de relativiser l'argument santé qui est brandi avec insistance en faveur de la fermeture des petites entreprises et de l'interdiction du culte public, alors que les écoles, les supermarchés, les marchés, les transports en commun sont restés opérationnels, avec potentiellement des risques de contamination plus importants. Lorsque l'Église plaide pour la liberté de culte, elle défend toutes les libertés fondamentales qui ont été confisquées de manière autoritaire, même si ce n'est que temporairement, comme la liberté d'aller et venir à volonté, de se rassembler pour travailler pour le commun Bon, vivre du fruit de son travail et mener une vie digne et paisible ensemble.

Si nous devons «rendre à César ce qui appartient à César», nous devons aussi «rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu» (Mt 22, 21), et nous n'appartenons pas à César mais à Dieu! Le sens de l'adoration de Dieu est qu'il rappelle à tous, même aux non-croyants, que César n'est pas tout-puissant. Et il faut arrêter de s'opposer dialectiquement au culte de Dieu, écrit dans les trois premiers mots du Décalogue, à l'amour du prochain: ils sont inséparables, et ce dernier s'enracine dans le premier! Pour nous, catholiques, l'adoration parfaite passe par le sacrifice du Christ, rendu présent dans le sacrifice eucharistique de la messe que Jésus nous a ordonné de renouveler. C'est en nous unissant physiquement et ensemble à ce Sacrifice que nous pouvons présenter à Dieu «toute notre personne comme un sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu», c'est pour nous la bonne manière de l'adorer (Rm 12, 1). Et s'il est authentique, ce culte trouvera nécessairement son accomplissement dans notre passion pour le bien des autres, dans la miséricorde et la recherche du bien commun. C'est pourquoi il est prophétique et impératif de défendre la liberté de culte. Ne nous laissons pas voler la source de notre espérance!

 

Remarque: Msgr. Alliet a ouvertement encouragé et soutenu l'apostolat de la voyante française «Virginie», dont les messages sont apparus sur ce site. 

Publié dans Messages, Autres âmes.